Étude néerlandaise portant sur les risques de contamination par les duodénoscopes et écho-endoscopes linéaires

Publication le:

8 septembre 2021

Dernière mise à jour le:

13 décembre 2023

• Résumé scientifique

• Dans le cadre d'une étude nationale menée aux Pays-Bas, une équipe d'experts a examiné la prévalence des duodénoscopes contaminés et des échoendoscopes linéaires ^[2].

• La contamination a été observée sans distinction de type, d'ancienneté et d'utilisation des endoscopes.

• Les micro-organismes d'origine gastrointestinale et orale sont les pathogènes qui ont été les plus souvent retrouvés.

Les duodénoscopes et échoendoscopes linéaires contaminés peuvent présenter un risque de transmission des pathogènes. Une étude nationale menée aux Pays-Bas (ci-après dénommée l´étude 1) à partir de 2018 a fourni la preuve concluante de la prévalence des duodénoscopes contaminés ^[1]. Les auteurs ont donc poursuivi avec une étude de suivi (ci-après dénommée l'étude 2), qui a été publiée en 2020. Cette étude a examiné la prévalence des duodénoscopes et des échoendoscopes contaminés, dont la conception est similaire à celle des duodénoscopes.

159 duodénoscopes et 64 échoendoscopes linéaires examinés

L'étude 2 a inclus 61 établissements néerlandais pratiquant des procédures de cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE) et/ou d'endosonographie (écho-endoscopie, EUS). Au total, 159 duodénoscopes ont été examinés. Des échantillons ont été prélevés sur les mêmes modèles de duodénoscopes, fabriqués par Olympus, Pentax et Fujifilm, que pour l'étude 1. Selon le modèle de duodénoscope, quatre à six sites ont été prélevés. Le personnel d'endoscopie a réalisé les prélèvements en suivant les instructions vidéo données. Tous les échantillons ont été traités dans le même laboratoire. Contrairement à l'étude 1, l'étude 2 comprenait également l'examen de 64 échoendoscopes, avec notamment l'inclusion des canaux du ballonnet dans les prélèvements.

La contamination était définie comme suit :

• Prolifération microbienne ≥ 20 cellules souche unipotentes (CFU)/20 ml (tout micro-organisme, portant l'abréviation AM20)

• Présence de micro-organismes d'origine gastrointestinale ou orale, quelle que soit la numération CFU (portant l'abréviation MGO).

Contamination présente sur tous les modèles d'endoscopes

L'analyse des échantillons a révélé la présence de contamination sur tous les modèles d'endoscopes et pour tous les fabricants. Selon la définition AM20, 21 (13 %) duodénoscopes et 8 (13 %) échoendoscopes étaient contaminés. Des micro-organismes d'origine gastrointestinale et orale ont été détectés sur 24 (15 %) duodénoscopes et 9 (14 %) échoendoscopes.

Les données condensées des études 1 et 2 montrent qu'au total, 373 duodénoscopes et échoendoscopes ont été contrôlés. 62 (17 %) endoscopes examinés étaient contaminés selon la définition AM20. Des MGO ont été détectés sur 56 (15 %) endoscopes.

• Contamination présente sur tous les modèles d'endoscopes

  Résumé des données des études 1 et 2 (en anglais)

Contamination quel que soit l'ancienneté et l'utilisation

Les deux études montrent que la contamination des duodénoscopes et des échoendoscopes ne dépend ni de l'ancienneté, ni de l'utilisation. Les résultats suggèrent que les anciens endoscopes et ceux qui ont été les plus utilisés, à condition d'avoir été correctement entretenus, ont un risque de contamination similaire à celui des endoscopes récents.

L'étude 2 a également démontré que la contamination ne dépend pas des produits de nettoyage et de désinfection utilisés pour le traitement ni du laveur-désinfecteur d'endoscopes (LDE).

À retenir pour la pratique

À partir des résultats de l'étude, les auteurs ont conclu que les pratiques de traitement actuelles aux Pays-Bas ne parviennent peut-être pas à garantir la décontamination totale des endoscopes. Par ailleurs, ils insistent sur l'importance du pré-traitement approfondi et du traitement manuel dans le respect du mode d'emploi du fabricant d'endoscope, qui n'ont pas été évalués en détail dans cette étude ; ils sont pourtant particulièrement importants, notamment pour les extrémités distales complexes. Les auteurs recommandent ainsi de développer et de mettre en œuvre des mesures de surveillance efficaces et faciles à appliquer pour vérifier la décontamination des endoscopes.

Pour en savoir plus sur l'étude 1 : Enquête systématique nationale portant sur les duodénoscopes.